L’imposteur !

Quelle force agissante
remet si facilement en doute
tous les signaux qui m'alertent
sur les écueils à éviter
dans la r'lation privilégiée
et dans ma vie en général ?
Qui es-tu ? 
Que veux-tu ? 
n'es-tu point là pour me soutenir ? 
Comment se peut-il que tu fasses si souvent
dévier mon discernement avec autant d'acharnement ? 

Qui es-tu pour me faire abdiquer 
et renier ma personnalité ? 
Comment as-tu pris le pouvoir chez moi ? 
J'ai besoin de te nommer, 
pour pouvoir t'identifier, 
tu es cette partie de moi 
qui s'empare de ma totalité 
en immiscant le doute de la légitimité 
des autres parties qui logent aussi chez moi. 

Je vais t'appeler Dieu. 
Aussi quand je jurerai 
je saurai que tu tentes de me contrôler et de me bâillonner.
Voilà donc je t'ai enfin repéré !
Tu ne pourras plus m'échapper.
Dieu, j'ai ouvert ton placard, 
ta garde robe somptueuse
me rend follement envieuse.

Que de beaux costumes tu possèdes :

celui de ton absolue connaissance,
qui rend ridicule et souligne l'arrogance
des décisions prises sans ta consultation !

Que de beaux costumes tu possèdes :

celui du jugement, pas n'importe lequel : le divin
celui contre lequel on ne peut plus rien
et qui rend tous mes actes malsains !

Que de beaux costumes tu possèdes :

celui de la sagesse,
qui me fait sentir à quel point
je ne vaux rien sans ton soutien

Que de beaux costumes tu possèdes :

Sous ta chape de compassion
ou culpabilité - on sent mieux la pression
je me sens plus lourde que le plomb.

Tu brilles tant et tant et tant.

Mes yeux éblouis
sont si souffrants
et si endoloris

que je choisis le renoncement
et l'aveuglement
au discernement.

Mais enfin ... plus pour longtemps ...
j'ai mis les pieds dans une friperie 
j'vide mon placard de ton clinquant bazar
pour y mettre mes habits choisis !

et ma jolie robe verte avec ses gros boutons
assortie à ma peau et à ses comédons,
et aux p'tits noeuds papillons
de mes chaussures de Cendrillon.

Mon p'tit blue jean et sa braguette usée
par des mouvements souvent pressés, un peu stressée
rarement forcée mais boudinée.

La dentelle pour la jolie demoiselle
princesse au petit pois
qui aime encore vernir ses doigts...

Enfin voilà dans ce placard là,
y a des trésors, des bouts de moi,
j'y garde un bel habit de Soi
tisser avec du fil de vers à soi.