Envie de me bichonner,
Envie de me pardonner,
Envie de vivre le moment présent
Avec mes enfants, tous mes enfants.
Et ces petits pansements
Sur mon visage
Pour protéger ma peau
Qui me démange.
Oser s'exposer.
Et recevoir les regards
Sur ce visage pansé...
Et me sentir comme une maman, qui soigne son enfant.
Sentir ce pansement-peau
Comme une nouvelle membrane.
Ce pansement-peau comme un relais
Pour relâcher une attention
Trop portée
Sur ces marques apparentes.
Me protéger, me pardonner.
Panser mes bobos.
M'accorder le repos
Pour enfin cicatriser.
Grâce à ces pansements-peau,
Grâce à ces doudous-peau.
Cicatriser exige du temps.
Le temps exige de cicatriser.
Mes pansements-peau,
Traduisent en mots
La langue du temps.
L'enfant meurtri
Se sent compris.
Et la femme, cicatrisante,
Tatouée des traces du passé,
Est enfin dévoilée.
Un pansement, tout simplement,
Pour montrer au monde la blessure du dedans.
Et pour qui sait voir
Avec les yeux de l'amour,
Devient visible
Un indicible secret
Qu'abrite la blessure : La Pudeur du Coeur.
L’amour conditionnel d’abord
Lors d’une relation perverse, j’ai revécu le désespoir d’une blessure d’abandon, et pourtant j’ai prié intensément le retour d’une personne malsaine, ayant sciemment trahi mon essence.
Mes appels ont été entendus. De nombreuses fois, cet homme est revenu. Se déployait une nécessité de libérer d’abord en moi ces vestiges d’un passé perverti par un amour aliénant.
De nombreuses fois, j’eus besoin de me raconter l’histoire d’un amour – illusoire – dépassant le cadre de cette vie. Et je retombais dans cette addiction à la mélancolie du conte de fée.
Cette attente, c’est celle, légitime, de me créer une enfance heureuse. Et par le truchement de cette relation pervertie, je m’offrais une chance de me libérer enfin d’un passé omniprésent.
Mon prince charmant tant adulé, tel un magicien, semait la confusion. Une confusion placée sur un piédestal, tant celle-ci lui offrait les costumes adéquates pour vivre plusieurs vies en une seule. Ces costumes, tels des écrans de fumée, étaient tissés de vice, voilés par la posture d’un dévoilement faussement amoureux.
Un autre ton, chéri par mon prince, était cet ennuyeux spectre de la peur de l’engagement.
J’eus besoin de croire que ces beaux mots, tels de précieux atours, exprimaient en retour la qualité de mon amour.
J’eus besoin de voir la personne dans sa sa perverse nudité pour comprendre la nature véritable de l’amour que j’attirais à moi et mon insatiable faim d’être enfin aimée.
Et je compris l’amour que je refusais à moi.
Aujourd’hui, même s’il subsiste des reliquats de ce type d’attachement (pervers), il existe aussi une mémoire vive de l’amour que je me porte. Mémoire que je cultive avec d’intenses efforts, pour en faire une nouvelle peau.
A un autre niveau de compréhension s’est manifestée, à travers cette relation malsaine, la conscience d’une posture sacrificielle mimée sur un fonctionnement maternel et sur la croyance assommante du soit-disant bien-fondé de l’élargissement d’un amour inconditionnel – nécessaire entre un enfant et sa mère – à l’ensemble de mes relations.
Surplombée – puisqu’il s’agissait d’exercer une véritable pression spirituelle sur moi – par la quête d’un état d’amour « inconditionnel », et la confondant avec une aspiration légitime de m’offrir une enfance heureuse, je m’infligeais une double peine : non seulement en expérimentant à nouveau des assauts de maltraitances psychique et émotionnelle d’un extérieur persécuteur, mais également en négociant, jusqu’à l’épuisement, avec des sentiments d’inaptitude à donner et d’incapacité à recevoir l’amour, le seul concevable alors étant estampillé « inconditionnel© ».
Rien à donner.
Rien à recevoir.
Prendre.
Laisser prendre.
J’avais scellé les qualités d’authenticité, de compassion, d’adhésion et de dévouement dans le coffre fort de l’amour inconditionnel. Enchaînées à une logique binaire, je m’étais faite un devoir d’incarner ces qualités d’être pour me donner l’accès à l’inconditionnel de l’amour. Ainsi, sans ce sacrifice de soi, sans ce don d’amour à ce qui est perverti (et qui pourtant encourage l’amour malsain), inutile d’espérer une enfance heureuse car c’est bien de ce dont il s’agit puisque l’enfance est cet espace légitimant ce fameux amour inconditionnel.
Or certaines vérités sont bonnes à rétablir. Dans ce monde de matière brute et transformée, j’ai quitté l’enfance, je suis adulte. Certes, une adulte légèrement zinzin et versatile émotionnellement (la lune gouverne mon signe). C’est pourquoi j’adopte actuellement un nouveau sens de l’amour. Je comptabilise la quantité et j’évalue la qualité d’amour qui circulent dans mes relations, au risque du retour sévère de bâton dans mon expérience quotidienne si sa répartition est inégale ou la situation relationnelle abusive.
Aimer « à condition d’équilibre » me ressemble davantage et me permet d’adhérer un peu plus à la nécessité et à l’intelligence de rendre à chaque âge de la vie ses responsabilités.
J’aime à condition de porter d’abord sur moi ce regard amoureux que je convoite tant dans le regard des hommes.
« Mon roi » a repris contact et j’ai répondu présente après plusieurs semaines de tourments. Toutes ces voix à l’intérieur de moi se disputaient le dernier mot. C’est finalement mon mental, précieux allié, qui a pris la décision de lui écrire. Ainsi depuis quelques semaines, après une coupure totale d’une année et presque deux ans de relation en dents de scie, nous nous sommes reconnectés. La distance ne m’empêche pas de dépenser plus d’énergie dans sa direction que dans la mienne. Je retombe alors dans ce reliquat de dépendance affective qui me vide de ma joie et modifie ma personnalité, tendant à m’absenter de moi-même.
Et paradoxalement, c’est la présence à cet état d’absence qui me permet de détecter les subtils changements d’énergie quand la relation se déséquilibre et que je suis à la limite du débordement… Adhérer à cette réalité ressemble souvent à une lutte entre différentes parties de moi.
Et opérant telle une évidence …
L’écriture vient comme une ressource salvatrice pour détisser les nœuds et tisser un nouveau fil de de vers à soi. Et peu à peu le cocon qui se tisse autour de moi permet à la cicatrisation des déchirements de l’enfance d’opérer dans le rythme qui est le mien et de rendre à l’autre la responsabilité de ses errements.
A suivre…
Faire du sport psychique et émotionnel pour apprendre à contenir
C’est assez récent cette compréhension que reprendre contact (pas nécessairement renouer affectivement) avec une ancienne relation et s’en dégager aussitôt que ça devient débordant, pour y revenir plus tard, favorise un processus de guérison dans le respect de son rythme et de son espace.

Ode aux ex-prédateurs
Me rapprocher à pas de loup
Du grand méchant loup.
À petite dose apprivoiser
La blessure à l’intérieur
Le prédateur à l’extérieur
Et en terrain familier
Mais mouvant, rien n’est figé
M’autoriser à me libérer
D’une terreur du passé.
Le grand méchant loup ?
Pas si grand…
Pas si méchant…
La fleur au fusil ?
Une histoire ancienne
Au paradis céleste,
Où l’on raconte que les loups
Sont de gentils incompris.
Sur mon paradis terrestre,
J’ai chargé mon fusil.
Schizoïdie, poésie de l’âme
Honteuse de tes écrits,
Envieuse d’autres écrits.
De cette maxime, ç’en ai fini !
Voilà tes mots sur tes blessures,
Drapés de rêves et de désirs
Chantant, Pleurant, Hurlant l’amour !
Et ton plaisir…
Peut-être à jamais
Seras-tu l’unique à vibrer
aux rythmes de tes vers.
Et si cela est ainsi
L’essentiel est accompli :
Ton cœur, à toi, à nouveau s’est ouvert.